Jour 12 (2 juin 2015): Charnay-les-Mâcon - Villefranche-sur-Saône (42 km)

J'aurais pu être à Lyon aujourd'hui, mais comme je n'y suis attendu que le 3 juin, je traîne. Peu après avoir quitté mon charmant petit motel, à Charnay-les-Mâcon, j'ai traversé la Saône, rien que pour désobéir à mon gps, qui voulait de nouveau m'envoyer sur une grand' route. Du coup, mir nichts, dir nichts, j'ai quitté la Bourgogne et suis entré dans la Région Rhône-Alpes, plus exactement dans le département de l'Ain, qui porte le numéro 01 puisqu'ils sont numérotés alphabétiquement.

La Saône coulant du nord au sud, je l'ai donc longée sur sa rive gauche (celle qui est à droite quand on regarde la carte). En fait, la Saône, même si ce n'est pas un fleuve (mais il y en a pour dire que le Rhône au sud de Lyon devrait s'appeler Saône, car c'est la plus grosse des deux) est une rivière imposante, zeker even breed als de Schelde in Antwerpen oder wie der Main in Frankfurt. La vallée reste très large, avec des flancs en pente douce, couverts de vignobles, mais pas toujours si doux que ça quand il faut les gravir à la force du mollet. En effet, la départementale ne longe pas immédiatement la rive.

Malgré une étape nettement plus courte qu'à l'habitude, j'étais quand même raisonnablement fatigué en arrivant à Beauregard, juste en face de Villefranche. Et là, je n'ai pas résisté. La Saône était tellement belle, je ne voulais pas avoir trimbalé pour rien sur près de 900 km mon maillot et mon essuie (ma serviette, dirait-on ici) de bain, alors j'ai plongé. Je me suis demandé pourquoi j'étais le seul à faire des brasses dans une si belle rivière, mais après tout, on est en semaine. Plus tard, au téléphone, Christian, mon ami lyonnais, m'a confié, horrifié, qu'il y avait dans la Saône des sortes de poissons-chats d'environ 150 cm, dont tout le monde a, paraît-il, fort peur. Je me doutais bien qu'il y avait un truc. Na ja, ich hab's ja mit Schwimmen, schon immer gehabt. Man muss gefährlich leben.

Après ma baignade, j'ai refranchi, sur un pont et à vélo cette fois (je vous rassure), la Saône vers sa rive droite (celle qui est où sur la carte?), vers Villefranche et vers le département du Rhône, le dernier de ce voyage. Je loge ici à l'hôtel Balladins, comme à Calais l'année passée. Villefranche possède, au milieu de beaucoup de banlieues visiblement problématiques, une jolie rue principale, mais ici encore on hésite un peu entre charme et gloire fanée. Mais j'ai décidé, pour cette dernière soirée "on the road", de ne pas rester cantonné à ma chambre d'hôtel. Je vous écris d'une terrasse (eh oui, il fait chaud ici) devant une pression (comme on dit ici) allemande, dans cette fameuse rue principale. Prost Frankreich.